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dimanche 8 juillet 2012

Réécouter "Das Erlkönig"

Deux versions du lied de Schubert "Das Erlkönig" (Le roi des Aulnes).
Schubert a 19 ans lorsqu'il compose cette oeuvre étonnante qui, après trois remaniements, sera publié par le compositeur en 1821 sous le numéro d'opus 1.
En voici deux interprétatins magnifiques et puissantes. L'une par le baryton allemand Dietrich Fischer Dieskau et l'autre par la contralto américaine Marian Anderson. On voit comment deux interprétations bien différentes (y compris quand au diapason) enrichissent finalement une même oeuvre.
Cependant, celles-ci ont en substance plus en commun qu'elles n'ont de différences dans leur expression : pas de compromis, pas d'effets gratuits, recherche de la juste expression et, tout simplement, le service de la musique.








Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind ;
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.
 

Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ? -
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht ?
Den Erlenkönig mit Kron und Schweif ? -
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. -
  

»Du liebes Kind, komm, geh mit mir !
Gar schöne Spiele spiel ich mit dir ;
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand.«

Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht ? -
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind ;
In dürren Blättern säuselt der Wind. -

»Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn ?
Meine Töchter sollen dich warten schön ;
Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.«

Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düstern Ort ? -
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau :
Es scheinen die alten Weiden so grau. -

»Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt ;
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt.«
Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an !
Erlkönig hat mir ein Leids getan ! -

Dem Vater grauset’s, er reitet geschwind,
Er hält in den Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not ;
In seinen Armen das Kind war tot.
Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
Il porte l’enfant dans ses bras,
Il le tient ferme, il le réchauffe.
 

« Mon fils, pourquoi cette peur, pourquoi te cacher ainsi le visage ?
Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes,
Le roi des Aulnes, avec sa couronne et ses longs cheveux ?
— Mon fils, c’est le  brouillard qui traîne.

— Viens, cher enfant, viens avec moi !
Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux !
Maintes fleurs émaillées brillent sur la rive ;
Ma mère a maintes robes d’or.

— Mon père, mon père, et tu n’entends pas
Ce que le roi des Aulnes doucement me promet ?
— Sois tranquille, reste tranquille, mon enfant :
C’est le vent qui murmure dans les feuilles sèches.

— Gentil enfant, veux-tu me suivre ?
Mes filles auront grand soin de toi ;
Mes filles mènent la danse nocturne.
Elles te berceront, elles t’endormiront, à leur danse, à leur chant.

— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du roi des aulnes à cette place sombre ?
— Mon fils, mon fils, je le vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent grisâtres.

— Je t’aime, ta beauté me charme,
Et, si tu ne veux pas céder, j’userai de violence.
— Mon père, mon père, voilà qu’il me saisit !
Le roi des aulnes m’a fait mal ! »

Le père frémit, il presse son cheval,
Il tient dans ses bras l’enfant qui gémit ;
Il arrive à sa maison avec peine, et angoisse :
L’enfant dans ses bras était mort.