Affichage des articles dont le libellé est Beethoven. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Beethoven. Afficher tous les articles

dimanche 11 octobre 2020

"Ode à Beethoven" en République de Maurice

 

ANNEE BEETHOVEN

 

Comment honorer Beethoven à la mesure de ce qu'il fut? Bien sûr, en interprétant son œuvre, en publiant de nouvelles recherches et en organisant différentes célébrations. On ne peut que s'en féliciter et jouir sans jamais se lasser des concerts, enregistrements et multiples émissions lui étant consacrées. 

Rama Poonoosamy, ancien ministre des Arts, de la Culture et des Loisirs de la République de Maurice, a quant à lui décidé de lancer le Grand concours "Performing Beethoven". Une idée simple, lumineuse et se projetant dans le futur. Se confronter en tant que jeune musicien à la musique de Beethoven, c'est déjà entrer dans sa pensée, dans sa vision du monde et se mettre au diapason de sa sensibilité et de son engagement sans compromis envers la musique. Cette initiative n'est donc pas seulement initiative, c'est un pari intelligent sur l'avenir et la formation intellectuelle et musicale d'une nouvelle génération de musiciens.

Trop souvent, les commémorations une fois passées, laissent l'ombre du passé retomber sur celui ou celle que l'on a voulu honorer. Quand bien même il y ait peu de risque que cela se produise avec Beethoven, le 250ème anniversaire de sa naissance est explicite signe un évidence: la musique de Beethoven a été composée à une autre époque. 

Mais, attendez! Et si, précisément, sa musique était celle du futur? Demandez à un musicien ou compositeur ce qu'il pense de la musique de Beethoven, en termes non seulement strictement musicaux mais aussi conceptuels. S'il est honnête, il reconnaîtra que celle-ci n'a jamais été dépassée, ou bottera en touche en parlant de "musiques autres". 

Alors, oui, ouvrir le défi d’interpréter la musique de Beethoven c'est éveiller potentiellement des esprits qui demain peut-être pourront reprendre le fil rompu et aller plus loin que le maître.

dimanche 6 septembre 2020

La Sonate à Bridgetower


George Bridgetower; il y a de fortes chances pour que ce nom ne vous dise rien! Et pourtant, c'est celui du véritable dédicataire de la fameuse sonate à Kreutzer de Beethoven. Une dispute avec Bridgetower amena Beethoven à changer la dédicace de sa sonate pour l’offrir au virtuose français Rodolphe Kreutzer lequel, incapable d’en comprendre la portée, ne la joua jamais …

Il faut lire le roman d’Emmanuel Dongala « La Sonate à Bridgetower, sonata mulattica» retraçant la vie du jeune violoniste prodige, George Bridgetower, mulâtre originaire des Barbades par son père et de Pologne (où il est né) par sa mère. Ayant reçu l’enseignement de Joseph Haydn à la cour des Esterhazy il est, à l’instar du petit Mozart, entraîné à travers l’Europe des lumières par son père dans une quête de reconnaissance qui l’amènera de Vienne à Bruxelles, Paris, puis à Londres où le prince de Galles le prendra sous son aile.

C’est lors d’un voyage pour revoir sa famille, alors qu’il est déjà un musicien consacré qu’il retourne  à Vienne, la ville de son enfance, où tout naturellement il rencontre Beethoven avec lequel il partage une amitié et une complicité qui dureront trois mois, jusqu’à la querelle fatale ...

Pourquoi parler aujourd’hui de cet ouvrage publié en 2017 déjà ? C’est qu’il prend aujourd’hui une nouvelle dimension tant dans le contexte de l’année Beethoven que des violents soulèvements provoqués par la mort de Georges Floyd et du mouvement Black Lives Matter.

Le Chevalier de Saint-Georges

Car le roman d’Emmanuel Dongala est aussi l’histoire d’un rendez-vous manqué, celui de l'Europe des lumières et de sa rencontre avec l'Afrique et ses habitants. Mais la colonisation laissait-elle une quelconque chance?

Dans cette Europe qui aurait pu être celle de tous les possibles, une élite noire ayant ses entrées dans les salons aristocratiques trouve d’éminents représentants dans des personnes telles que le compositeur Chevalier de Saint-Georges à Paris ou Angelo Soliman à Vienne (ami de l’empereur Joseph et membre de la même loge maçonnique que Haydn et Mozart). Toutefois, les membres de cette élite, bien qu'à priori tout à fait intégrés, ne parviennent pas à trouver une juste consécration comme l’illustre le cas du Chevalier de Saint-Georges qui se verra refuser la direction de l’Opéra de Paris à cause de la couleur de sa peau ou encore, à Vienne, le destin particulièrement atroce d’Angelo Soliman.

Portrait d'un jeune garçon africain par Rembrandt van Rijn

Certes, George Bridgetower fait exception avec sa brillante carrière mais il y a à cette réalité  un autre versant, celui de l’esclavage. Son père qui redoutait le choc que lui aurait causé la prise de conscience de ce que vivaient les noirs dans le monde occidental d'alors tentera bien de le protéger, mais dans le Paris de 1789 et surtout dans les salons où se retrouvaient la bonne société et les intellectuels de l'époque, les discussions sur l'abolition de l'esclavage (comme celles sur la condition de la femme) figuraient en bonne place et si jamais le jeune George y était resté sourd il y avait, de toutes façons, les mesures policières à l'encontre des  personnes de couleur pour parfaire son éducation sur cette réalité. L'abolition de l'esclavage en 1794 par la France révolutionnaire bientôt suivi de sa réinstauration en 1902 par Napoléon montrent s'il en était besoin, que la bataille était - et est toujours - loin d'être gagnée. 

Enfin, il faut aussi être reconnaissant à Emmanuel Dongala de rappeler, au-delà des horreurs bien connues de la traite négrière, la dimension sociale et économique de l’esclavage avec notamment le fait que les premiers des colonies anglaises étaient des Irlandais ou encore sa dimension culturelle avec la traite arabo-musulmane, dont la portée génocidaire d'élimination pure et simple de l'autre parce qu'il est "autre" est souvent méconnue.


L'arriération coloniale a privé le monde de bien des richesses humaines et bien des talents. Il n'en reste pas moins que cet hommage à George Bridgetower est un plaisir non seulement en nous faisant découvrir un destin exceptionnel mais en le replaçant dans une fresque historique lui donnant son épaisseur. Il nous fait pressentir le merveilleux violoniste qu’il fut, lui qui créa – en la déchiffrant presque à vue - la fameuse et très difficile sonate « à Kreutzer » lors d’un merveilleux concert où Beethoven tenait lui-même la partie de piano. Surtout, il nous rappelle qu'au milieu même du tragique de l'histoire, l’universalité de l’esprit humain demeure et que la musique classique en est l’expression la plus achevée.


dimanche 30 août 2020

Qui de nous ou de Beethoven est le plus sourd ?

 

ANNEE BEETHOVEN

 

Beethoven accro à des médicaments ayant causé sa surdité? La thèse de Vincent Arlettaz, musicologue suisse, est vraisemblable.

Le compositeur était sujet à différentes maladies, elles-mêmes possiblement provoquées, ou  tout du moins accentuées, par un style de vie qui n'avait sans doute rien à voir avec celui d'un bon père de famille.

S'il est avéré que les antidouleurs qu'il prenait en surdose contenaient des composants toxiques pour le système auditif, ceci expliquerait l'évolution de sa surdité qui, comme cela est maintenant établi, ne s'est faite que lentement et progressivement. Elle rendrait aussi justice à la force créatrice de Beethoven, en particulier dans ses dernières œuvres, dont on a trop souvent mis les audaces inouïes au compte de son "découplage" avec la réalité tangible des phénomènes sonores.

Car le sous-jacent que l'on retrouve dans nombre de biographies ou commentaires voudrait que le caractère hors-norme de sa musique soit le fruit d'une heureuse alchimie, écho quasi surnaturel d'un monde sonore perdu et transfiguré.

L'hypothèse de Vincent Arlettaz est plus cohérente avec ce que l'on connaît de Beethoven. N'oublions-pas que celui-ci est un fils des lumières pour qui la raison est ce qui définit l'homme, elle ne saurait donc être étrangère à l'art. L'art n'est pas le domaine de l'irrationalité, un point fondamental qui le rapproche de la science.

D'ailleurs comme le dit Beethoven l'une des fois où il mentionne la science: "seuls l'art et la science placent l'homme au niveau de la divinité".

C'est donc l'un des grands paradoxes de l'histoire de l'art. Aux grands génies dont les œuvres sont le pur produit de l'indivisibilité pour l'homme de l'art et de la science, succède le romantisme qui va dissoudre cette puissante combinaison pour aboutir après mille péripéties à une déconstruction reflétant ou en lien avec  la déconstruction mentale, spirituelle et émotionnelle de l'homme actuel.

Les dernières œuvres de Beethoven sont celles d'un musicien au sommet de son art, d'un homme dont la détermination à "élever l'humanité souffrante" grâce à son art reste intacte, un compositeur qui ne peut accepter la moindre approximation dans son oeuvre et qui, comme tout grand génie scientifique, fait des découvertes où il est permit de dire "il y a un avant et un après".

Or, n'y aurait-il pas eu méprise sur ce qui devait venir après? Certains ont voulu faire du Beethoven en copiant la forme, d'autres ont prétendu qu'il avait tout dit et qu'il fallait tout casser puisque qu'il était impossible d'ajouter quoi que ce soit  de significatif.

Et si, au contraire, il fallait reprendre là où le fil s'était rompu? C'est peut-être le moment de ne pas être sourd à ce que nous dit Beethoven.

D'où la question fondamentale que nous renvoie la surdité de Beethoven et de bien en comprendre la genèse et ses conséquences.


La revue musicale de Suisse romande

 

dimanche 23 août 2020

Comprendre Beethoven (2)

ANNEE BEETHOVEN

Suite... (voir post précédent)

Comprendre Beethoven (1)

ANNEE BEETHOVEN

 

Vous souhaitez comprendre qui est vraiment Beethoven ? Vous avez raison, car les nombreux articles et publications sur Beethoven, loin d'être inintéressants, en restent le plus souvent à ce qui est déjà connu de l'illustre compositeur. Très bien, donc, lorsque l'on ne connaît rien au compositeur, mais ô combien frustrant lorsque l'on a envie de creuser, d'approfondir le mystère de cette création prométhéenne.

Dans cette petite vidéo et celle postée juste au dessus (hélas, Blogger ne permet pas de publier les deux dans le même post...), vous trouverez une très belle réflexion de la part du pianiste Pascal Amoyel qui a monté un spectacle intitulé  "Looking for Beethoven".

Nous n'avons pas encore eu l'occasion de voir son spectacle (merci le Covid-19!), mais l'approche choisie par son concepteur, le travail de recherche qu'il a entrepris dont il a nourri sa réflexion et son intégrité face à Beethoven sont non seulement rafraîchissants mais rayonnent de cette soif de comprendre de ce qui était à la source de la création beethovenienne.

Alors, laissons-nous guider par Pascal Amoyel qui nous suggère très justement que la recherche de vérité de Beethoven a partie liée avec la beauté de sa musique.


mardi 4 août 2020

De Beethoven à Bourdelle

ANNEE BEETHOVEN


Peu d'artistes deviennent eux-mêmes source d'inspiration. La force créatrice de Beethoven demeure au delà de sa mort et parle, à ceux qui savent l'entendre ...







dimanche 2 août 2020

vendredi 8 mai 2015

Ce que sont la puissance et l'amour de la musique

Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Chopin, Kafka, Malher et ... Alice Herz-Sommer. 
Et nous, qui ne pourrons qu'être inspirés par cette beauté que rien, même les circonstances les plus tragiques, n'a corrodé.




 



Un très beau et très émouvant documentaire de France2

dimanche 16 décembre 2012

Où sont les nouveaux Beethoven ?

16 décembre 1770, naissance de Ludwig van Beethoven à Bonn. Deux cent quarante deux ans après, sa musique demeure un sommet qui, en réalité, n'a jamais été dépassé.
On oublie souvent de dire que les artistes - les grands artistes - ont apporté au monde une richesse impalpable, intangible et qui, pourtant, a changé celui-ci et a changé la façon de penser de nos sociétés.

Quand il s'agit d'un grand scientifique qui fait une découverte fondamentale, on sait dire ce qu'en sont les retombées, comment les principes qu'il a découvert vont mener à des applications innombrables et chacun d'entre nous sait combien il lui est redevable.

Quand il s'agit d'un grand artiste, on l'adule, on lui rend hommage sur hommage mais on a plus de difficulté à localiser son apport. Ce qu'il nous a donné est certes considéré comme important mais non essentiel à notre vie de tous les jours, et pourtant !

Pourtant, le monde sans Beethoven, ne serait pas celui que nous connaissons. Il ne serait pas celui que nous connaissons car nous n'aurions pas été en contact avec ces "idées" nouvelles, cette ouverture sur un monde jamais représenté dans la société, ce quelque chose au delà des mots dans lequel se situe ce qui est essentiel à la connaissance. Sans doute n'aurions-nous jamais pu parvenir au stade où nous sommes capables d'envoyer un robot sur la surface de Mars et où nous sommes - si nous le souhaitons et nous mobilisons pour cela - en possession de tous les outils matériels pour une véritable Renaissance.

Mais voilà, ils ne sont que matériels ces outils (tout aussi indispensables qu'ils soient) et si nous nous avérons incapables de produire de nouveaux Beethoven, de nouveaux Rembrandt, de nouveaux Rabelais, alors nous perdrons le contact avec ce champ de l'imagination, de la beauté, où s'élabore la création qu'elle soit scientifique, artistique, politique ou sociale.

Pour retrouver cette dimension unique, voici une interprétation dirigée par Wilhelm Furtwaengler de la Grande Fugue op. 133. Il dirige le Wiener Philharmoniker dans le cadre du festival de Salzburg, le 30 août 1954.







dimanche 28 octobre 2012

Je viens de découvrir ces deux interprétations du quatrième mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven dirigée par Wilhelm Furtwängler. Dire qu'il s'agit d'interprétations uniques, merveilleuses, sans égales serait justifié mais manquerait le point. Disons plutôt que nous sommes dans la musique au-delà de la musique.
Les deux enregistrements datent de 1943, le premier du mois d'avril, le second du mois d'octobre et, en dépit des quelques mois qui les séparent, ils sont bien différenciés.
Lorsque j'ai écouté celui d'avril, j'ai été dans un premier temps choquée par la lenteur et la "lourdeur" du tempo et de la dynamique. Très vite, ce choc a fait place à la fascination quant à l'extraordinaire capacité d'articuler le discours musical. Soudain l'oeuvre est là avec tout ce que l'on peut attendre d'une interprétation de maître mais avec une dimension supplémentaire : l'intelligibilité.
Car Furtwängler ne se contente pas d'être l'organisateur d'une beauté musicale qui enchante nos émotions et nos sens, il fait ressortir cette dimension de l'oeuvre beethovénienne qui toujours appartient au domaine de l'esprit. Il y a une idée musicale et celle-ci, au sein de son propre univers musical est intelligible par l'esprit humain et doit être rendue perceptible comme telle par l'interprétation du musicien.




Dans le deuxième enregistrement, c'est surtout la dimension souveraine et passionnée qui m'a frappée avec toujours ce refus à toute concession à l'esprit stéréopypé du temps même si je trouve que cette version se rapproche plus de celles d'autres chefs d'orchestre.



Il paraît que Furtwängler considérait ces enregistrements de la 7ème en 1943 comme ceux le satisfaisant le plus. Je n'ai malheureusement pas pu en trouver la confirmation ni savoir duquel il s'agissait. Quelque lecteur averti pourra peut-être poster la réponse s'il la connaît ?

A ces deux enregistrements, je joins un extraît d'une interview de Yehudi Mehuhin * à propos de Futwängler. Menuhin, qui était un homme intègre, y prends la défense du chef d'orchestre  -- comme  il l'a toujours fait, à son grand honneur -- dans  l'affreuse polémique qui a été lancée contre Furtwängler au sortir de la deuxième guerre mondiale.



* L'interview est en anglais. Je m'en excuse auprès de ceux qui ne le comprenne pas mais je n'ai malheureusement pas pu trouver une version sous-titrée en français